A Tale of the City: le Justicier Masqué et la Ville

 

              Dès leur arrivée sur la scène éditoriale américaine, ils disposent d'un élément inhérent à leur existence et leur activité. Car si les chevaliers avaient leur royaume, que Robin des Bois avait Sherwood, que Zorro avait Los Angeles et ses environs et que Tarzan a la jungle, les Super-Héros ont eux aussi une Terre Sainte, un Eden à protéger: la ville.



Ce milieu urbain les accompagne depuis leurs débuts et constitue chez eux la pierre angulaire de leur action. En effet, nul doute qu'à la campagne, Spider-Man, Batman et autres Super-Héros perdraient en légitimité. (Quoi que ... il existe peut être une autre vie en périphérie urbaine pour les Super-Héros, c'est en tout cas ce que pensait Simon Astier en créant Hero Corp). 
Toujours est-il que l'environnement urbain est la condition sine qua none à l'apparition de Super-Héros. La relation qui lie l'un à l'autre depuis la fin des années 1930 fait d'eux des éléments indissociables dans leur mythologie respective. En effet, que serait Superman sans Metropolis ? Batman sans Gotham City ? Spider-Man et les Avengers sans New York ? Green Arrow sans Star City ? Flash sans Keystone City ? Aquaman sans l'Atlantide ? Etc etc ...
Depuis qu'ils ont envahit l'imaginaire collectif, les Super-Héros n'ont eu de cesse d'évoluer au sein de ces villes et de les parcourir en volant, courant, sautant, se balançant, défiant les lois de la physique au sein de ces ensembles urbains rectilignes, figés et immuables.

Par leur façon de parcourir ces mégalopoles, les Super-héros symbolisent encore une fois le potentiel de l'homme à se défaire des chaines physiques qui l'emprisonnent, mais aussi des barrières morales qui ne lui autorisent pas toujours à sortir de l'anonymat.
De plus, alors que le commun des mortels voyage au sein de ce milieu urbain par les moyens qui lui sont donnés et qu'il est forcé d'emprunter les chemins tracés, les Super-Héros eux font fi de cela et prouvent de nouveau que les barrières physiques ne sont pas immuables. Par leurs déplacements atypiques, ils représentent l'homme s'évadent de sa prison statique, tel l'homme fuyant la caverne.
Dès lors, ils côtoient physiquement les hauteurs de la ville et s'imposent comme vainqueurs de cette prison urbaine dont ils ont su s'émanciper. A la fois domaine d'action et prison, la ville magnifie le Super-Héros et le met en lumière, lui donnant une dimension divine. De par son triomphe sur ces dimensions matérielles et le symbole d'espoir et d'élévation qu'il traduit, le Super-Héros en costume représente donc l'homme au paroxysme de son potentiel: altruisme et inspiration sont alors les maîtres mots décrivant ces individus hors du commun.
 
Cependant, même si les différentes villes (fictives ou non) dont les Super-Héros s'auto-proclamment protecteurs peuvent apparaitre comme des prisons de béton et de verre, celles-ci sont néanmoins indispensables à leur évolution et leur existence. En effet, outre le fait de lui permettre de sortir des rangs en abandonnant l'anonymat civil, la ville entretien une relation étroite avec le Super-Héros. La ville entant qu'ensemble urbain est, dans le cas de Spider-Man par exemple, la clé de voute de son activité puisque c'est cette même ville qui lui permet de s'émanciper de ces propres règles physiques, les divers édifices étant indispensables à l'Homme Araignée pour se déplacer de la façon qu'on lui connait. De même, Superman ou Flash perdraient en évocation s'il volaient et courraient dans un ciel ou une route vide de campagne. Le Ville entant qu'ensemble urbain a donc ce triple rôle paradoxal de prison, d'émancipation et de magnification du Super-Héros.

Le Justicier Masqué est donc par nature une création urbaine dont l'action, l'emprisonnement puis l'émancipation ne peuvent se faire et se traduire que par la présence de la ville dans leur environnement.


D'un éditeur à l'autre, les représentations sont les mêmes. Évadé de la prison urbaine et paradoxalement intrinsèquement lié à celle-ci, le Super-Héros est à la frontière entre l'humain et le divin.





















Q

1 commentaire:

  1. Je pense que le super héros n'est pas à lier a l'urbanité car si on prend le cas de Zorro, l'urbanité est quasi inexistante.
    le fait que le super héros soit masqué est plus lié au fait qu'il a une double vie ou une double fonction.

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