Entre Porte Parole et Sex Symbol: la Femme dans les Comics

 

            Il a beau être convenu que les comics, et plus particulièrement ceux centrés sur les Super-Héros,  représentent un genre masculin, il est pourtant nécessaire de souligner le fait que les femmes, au même titre que les hommes, ont réellement leur importance dans ce domaine littéraire qui se veut être le reflet de l'évolution sociétale. Et à ce titre, le rôle des femmes, même s'il n'est pas perçu entant que tel, tient une importance toute particulière dans ce domaine littéraire.

 


Malgré le fait que les publications de comics mettent plus régulièrement en avant des hommes que des femmes, celles-ci ne sont peuvent pour autant être considérées comme des faire valoir. La prédominance numérique de l'homme dans les comics s'explique notamment par le fait que le public visé soit avant tout masculin. Les jeunes garçons, adolescents et jeunes adultes constituent la plus grande partie du lectorat de comics, même si de très nombreux adultes s'y adonnent par passion (qui pourrait d'ailleurs leur reprocher ?) ou par loisir. La Grande Dépression des années 1930 qui a touché les États-Unis affecte toujours l'emploi dans les années 1940, et des masses de chômeurs se laissent séduire par la lecture de comics pour passer le temps et en raison de leur prix dérisoire.
Mais historiquement, la femme est présente dans les comics depuis autant de temps que l'homme. En effet, si elle ne revêt pas directement l'aspect d'une Super-Héroïne, la femme dans les comics, sous les traits de Loïs Lane dans un premier temps (apparue pour la première fois en même temps que Superman dans Action Comics #1 en 1938), présente un caractère affirmé ainsi qu'une forte volonté à s'affranchir de l'image de la femme sage et obéissante. S'en suivront ensuite très rapidement de nombreux personnages féminins mondialement connus aujourd'hui tels que Catwoman créée dès 1940 par les mêmes artistes à l'origine de Batman (apparu en 1939), mais surtout Wonder Woman créée par le psychologue William Moulton Marston dès 1941. Après une première apparition dans All-Star Comics en Décembre 1941 puis une seconde  dans Sensation Comics en Janvier 1942, Wonder Woman obtient alors sa propre série régulière durant l'été 1942. Elle est donc, quatre ans seulement après la première apparition de Superman, le premier personnage féminin de l'histoire des comics à obtenir sa propre série. 

De plus, il est à noter qu'outre son statut de premier personnage féminin à obtenir sa propre série, Wonder Woman est créée dans un but particulier. Son créateur, William Moulton Marston est un psychologue et théoricien du Féminisme. La création de Wonder Woman a pour ambition d'améliorer la représentation de la femme et d'aider à la reconnaissance des droits de celle-ci. Il l'explique lui même, «les filles ne voudront pas être des filles tant que nos archétypes féminins manqueront de force, de vigueur et de puissance. Comme elles ne veulent pas être des filles, elles ne veulent pas être tendres, soumises, pacifiques comme le sont les femmes bonnes. Les grandes qualités des femmes ont été méprisées à cause de leur faiblesse. Le remède logique est de créer un personnage féminin avec toute la force de Superman plus l'allure d'une femme bonne et belle». Wonder Woman présente donc toutes les caractéristiques de cette citation. Elle est belle, intelligente, forte, indépendante et fait partie des Amazones, femmes guerrières misandres. De plus, élément ayant son importance pour souligner le crédit accordé aux femmes dans les comics, Wonder Woman a elle aussi servi dans la propagande américaine durant la Seconde Guerre Mondiale, preuve que les femmes aussi sont utilisées pour véhiculer un message politique (bien que propagandiste en l’occurrence) et porter l'image d'un pays à l'étranger.
Alors qu'au Cinéma la femme est, jusque dans les années 1960/1970, cantonnée à des seconds rôles sexistes ou contribuant à l'enfermer dans un stéréotypes d'objet sexuel, Loïs Lane par exemple fut représentée peu ou prou de la même manière, entant que femme indépendante et volontaire, et ce quelque soit l'époque. De plus, elle est la première femme de comics n'étant pas une Super-Héroïne à faire l'objet d'une telle mise en avant.


Il est donc intéressant de souligner le fait que bien que le Cinéma et les comic-books soient tous deux des moyens d'expression artistique très populaires et véhiculant les attitudes et comportements propres à chaque époque, les comic-books ont plus de facilité à s'affranchir des barrières sociales. 
Black Canary créée en 1947 perpétue cette volonté de voir des femmes fortes. La première appartenant d'abord à un gang, puis la seconde, sa fille, maitrisant les arts martiaux (outre son cri super-sonic). L'homme sortant de l'anonymat pour exercer la Justice lui même étant déjà sujet à débat, on peut imaginer que lors de leur première apparition, ces femmes justicières provoquèrent surprise et étonnement, peut être même des contestations de la part d'une gente masculine parfois machiste et conservatrice de la valeur d'autorité de l'homme.

En revanche, même si dès ses débuts dans les comics la femme est représentée comme indépendante et forte, elle n'en demeure pas moins un objet de fantasme et de désir. En effet, rares sont (à ma connaissance) les personnages féminins ne répondant pas aux critères de beauté que l'on connait. Svelte, bien proportionnée et présentant des formes généreuse, les Super-Héroïnes et femmes présentes dans les comics incarnent la femme au physique idéal. Leurs costumes vont d'ailleurs de paire avec leur physique et n'ont pas peur de fortement suggérer ces fameuses formes féminines, participant parfois à leur propre enfermement, tout comme au cinéma, dans un rôle purement physique.

 
Power Girl par exemple, dispose de la plus grosse poitrine de l'histoire des comics. D'ailleurs, les parodies érotiques mettant en scène des Super-Héroïnes ne manquent pas. Un genre cinématographique particulier, le X, vit même l'apparition de films pornographiques avec en "tête d'affiche" ces femmes hors du commun.




Bien sûr, l'apparition de femmes fortes dans les comics n'a pas radicalement changé la donne en ce qui concerne la reconnaissance des femmes et de leurs droits, et ne saurait avoir à elle seule assez de poids pour peser dans la balance et faire la différence. Mais associée aux mouvements féministes des années 1960/1970 et aux diverses évolutions que l'image de la femme connait au fil des décennies, l'apparition de ces femmes constitue un élément culturel important, et une étape non négligeable dans l'amélioration de la représentation de la femme dans les médias de masse et les consciences.

Si les Super-Héros masculins représentent l'archétype de l'homme idéalisé, Loïs Lane, Wonder Woman et autres Super-Héroïnes constituent assurément l'archétype de la femme parfaite.




















Q

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire